1. Female rats were given a synthetic diet devoid of pantothenic acid. They were then mated and the foetuses were examined on the 21st, 18th, 16th, and 15th days of gestation.

  2. Many foetuses were malformed. They exhibited exencephaly, anophthalmia, oedema, and alterations of the limbs.

  3. The extremities of the limbs on the 21st day were red and irregularly swollen. Histological examination on the 16th day showed that an arrest of blood circulation in the dilated marginal veins had occurred. The vascular endothelium had then disappeared, and the coagulated blood had come in direct contact with the tissues.

  4. Some skeletal elements may be distorted by the resulting pressure. Above all, there is a degeneration of the tissues in contact with the blood. The skele-togenous tissues of the digits degenerate and this results in ectrodactyly. The epidermis in some areas degenerates and the accumulated fluids and blood may be eliminated.

  5. These data are compared with other data concerning embryonic hemorrhagic processes, especially those producing limb amputation.

    Travail facilité par une aide de la Sécurité Sociale.

Une déficience maternelle en acide pantothénique entraÎne chez l’embryon une série de malformations, comme l’a montré l’un de nous (Lefèbvres, 1951): ce sont des exencéphalies ou des pseudencéphalies, des anophtalmies ou des microphtalmies; de plus, on rencontre des œdèmes et des lésions vasculaires localisées. Ce sont ces dernières que nous voulons étudier spécialement ici.

Pour réaliser ces carences, nous avons soumis des rates adultes à un régime synthétique à base de: saccharose (68 pour cent), caséine (18 pour cent), huile d’arachide (10 pour cent), sels (4 pour cent), supplémenté par des vitamines hydrosolubles (cristallisées), mais sans acide pantothénique, et des vitamines liposolubles (en solutions huileuses) en quantités adéquates. Plus le temps de ce régime est long, plus la carence réalisée sera intense. Les rates sont surveillées au point de vue du cycle génital par la technique des frottis vaginaux; elles sont accouplées au moment de l’œstrus avec des mâles normalement nourris (régime d’élevage). Des témoins recevant le même régime complété par une dose suffisante d’acide pantothénique sont traitées de la même façon et donnent des portées normales, quelle que soit la durée de l’expérience.

Chez les carencées, les résultats varient selon le degré de carence: ils vont de l’avortement à l’obtention de portées normales, en passant par des portées avec fœtus anormaux.

Tous les stades de la gestation ont été explorés, depuis le 13e jour jusqu’au 21e. Nous n’avons jamais observé les lésions vasculaires des extrémités avant le 16e jour. Les membres des fœtus atteints de ces lésions ont été coupés et étudiés en série continue.

Ces accidents vasculaires sont bien caractéristiques quant à leur aspect et à leur localisation et peuvent entraÎner d’importantes altérations squelettiques.

On les rencontre assez fréquemment. Nous en avons observé 22-7 pour cent dans une série de recherches qui avaient porté sur 224 fœtus de mères déficientes en acide pantothénique.

Ces lésions sont localisées essentiellement aux extrémités des pattes, surtout des pattes postérieures: elles se limitent au pied ou à la main, et surtout à leur partie terminale (Fig. 1 et 2 dans le texte). On peut en retrouver cependant au niveau de la mâchoire inférieure. Quelquefois, on observe ailleurs des lésions hémorragiques diffuses qui n’ont peut-être pas la même signification.

Fig. 1.

Photographies de deux fœtus du 19e jour atteints d’altérations des pattes.

Fig. 1.

Photographies de deux fœtus du 19e jour atteints d’altérations des pattes.

Fig. 2.

Dessins de quelques pattes atteintes de lésions d’aspect divers. Fœtus du 19e et du 21e jour.

Fig. 2.

Dessins de quelques pattes atteintes de lésions d’aspect divers. Fœtus du 19e et du 21e jour.

Chez le fœtus du 21e jour, ces lésions apparaissent très bien limitées. Elles forment généralement des saillies arrondies plus ou moins volumineuses, fréquemment d’aspect mamelonné. Elles peuvent, en effet, être constituées soit par une saillie simple, soit, plus souvent, par des saillies confluentes par leur base. Leur taille est variable. Leur coloration est d’un rouge plus ou moins marqué; elles sont souvent rouge sombre, mais on peut en rencontrer de roses plus ou moins pâles. Elles sont surtout limitées au bord distal de la main ou du pied. Quelquefois, elles peuvent se limiter à un doigt. Le plus généralement, elles s’étendent à tout l’organe et transforment ainsi toute l’extrémité du membre enune plaque enflée et rougeâtre où les doigts ne se reconnaissent pas. Au 18e jour, les aspects sont déjà analogues (Fig. 3 dans le texte).

Fig. 3.

Photographies de pattes peu altérées chez des fœtus du 18e jour.

Fig. 3.

Photographies de pattes peu altérées chez des fœtus du 18e jour.

Sur des fœtus du 16e jour, par contre, où l’extrémité des membres est encore en forme de palette, les aspects sont parfois différents. Les lésions sont moins marquées, elles sont plus nettement individualisées et situées entre les rayons squelettiques. On peut les apercevoir par transparence.

L’étude histologique est assez instructive, en particulier sur les coupes parallèles au plan d’étalement de la main ou du pied.

Chez les fœtus du 21e jour, ces lésions sont caractéristiques. Elles paraissent constituées avant tout par un amas massif de sang à contours arrondis, très souvent polycyclique, comme s’il correspondait à la confluence de plusieurs lésions.

A ce niveau, les éléments du sang, qui sont essentiellement des éléments nucléés, ne sont pas tous dans le même état. Certains érythroblastes se présentent avec leur noyau sous leur aspect habituel, tandis que d’autres, au contraire, sont nettement altérés. Certains ont un aspect franchement vésiculaire. Chez d’autres, la membrane cellulaire elle-même disparaÎt, et on ne trouve plus que leur noyau isolé. D’autres érythroblastes, au contraire, apparaissent très condensés, avec un protoplasme très fortement acidophile. Fréquemment, ces altérations sanguines sont disposées en couches concentriques, déterminant un aspect en cocarde. Du pigment ocre apparaÎt de temps en temps, révélant que les altérations sanguines peuvent être très poussées et que ces lésions ne sont pas très récentes.

Généralement, l’amas sanguin paraît limité par une coque constituée par un tissu mésenchymateux dense. Cette paroi nettement délimitée en profondeur l’est encore plus en surface. Là, elle forme une couche de trois ou quatre cellules d’épaisseur, séparant ainsi complètement la lésion de l’épiderme. Elle est constituée de cellules mésenchymateuses juxtaposées, sans substance intercellulaire.

Au contact de ces amas sanguins, on rencontre des vaisseaux dilatés correspondant aux veines marginales du membre. Leurs rapports avec ces vaisseaux ne sont pas toujours faciles à préciser à ce stade: cependant, par l’étude sériée des coupes, on peut se rendre compte que certains viennent s’ouvrir dans les cavités hématiques. Quelques images révèlent que les amas sanguins sont contenus dans des vaisseaux irrégulièrement dilatés, car ils sont limités par des éléments endothéliaux.

Dans les formations hématiques d’assez grandes dimensions, on constate d’autre part une infiltration des parois par des érythroblastes. Celle-ci est constituée de cellules sanguines réparties d’une façon diffuse dans les mailles du tissu entourant l’hémorragie. Cette infiltration paraÎt de production secondaire.

Chez les fœtus du 18e jour, on rencontre des lésions assez analogues. A côté des cavités hémorragiques pures, on en observe assez souvent d’autres à contour également polycyclique, mais ne contenant d’éléments sanguins qu’en quantité relativement limitée. Dans ces cas, ces cellules sanguines ne sont pas réparties d’une façon homogène, mais localisées en un certain point et comme agglutinées. Le reste de la cavité renferme quelques débris cellulaires et un léger coagulum. Entre ces vésicules partiellement vides et les vésicules complètement hématiques, on trouve tous les types intermédiaires, mais, de plus, on constate qu’elles confluent les unes avec les autres.

Par ailleurs, et exceptionnellement, nous avons rencontré des petites vésicules directement situées sous l’épiderme. Elles paraissent vides ou ne renferment qu’un très léger coagulum. Elles n’ont pas de parois mésenchymateuses condensées, en particulier, leur contact avec l’épiderme est direct. La nature artificielle de certaines peut être discutée, mais d’autres correspondent morphologiquement aux vésicules séreuses sous-épidermiques décrites par divers auteurs, soulevant l’épiderme d’un côté et déprimant de l’autre le mésenchyme sous-jacent. Nous n’en avons pas retrouvé sur des fœtus plus jeunes.

Nous avons pu saisir, au 16e jour, le début des lésions. L’étude de ce stade s’est révélée assez démonstrative. Le fait primitif paraÎt être une énorme dilatation des veines marginales (Fig. 4 dans le texte). Celles-ci peuvent être remplies de sang, mais quelques fois contiennent surtout du plasma. On peut observer aussi assez souvent dans ces vaisseaux des amas de cellules sanguines apparaissant comme des éléments coagulés: les thrombi (Fig. A, Planche 1).

Fig. 4.

Dessins de pattes de fœtus du 16e jour vues par transparence après éclaircissement. On voit la dilatation de la veine marginale et le sang qui s’y coagule.

Fig. 4.

Dessins de pattes de fœtus du 16e jour vues par transparence après éclaircissement. On voit la dilatation de la veine marginale et le sang qui s’y coagule.

Par ailleurs, on voit des amas sanguins directement au contact du mésenchyme, se continuant souvent avec les veines marginales. D’autre part, on peut se rendre compte que, au moins en certains points, ces amas sanguins peuvent être nettement limités par un endothélium en continuité avec l’endothélium veineux.

Primitivement, ces thrombi sont donc intravasculaires, puis, secondairement, l’endothélium veineux ayant disparu, ils viennent en contact direct avec le mésenchyme.

De plus, au voisinage des amas sanguins, il se produit des phénomènes de dégénérescence (Fig. B, Planche 1; et Fig. I, Planche 3). Les cellules mésenchymateuses se distendent et s’écartent les unes des autres, et secondairement, elles entrent en cytolyse: leur protoplasma se détruit tandis que leur noyau se pycnose pour disparaÎtre à son tour après fragmentation. Ces plages semblent un centre d’attraction d’eau, car leur taille finit par être beaucoup plus grande que les tissus qui se sont détruits. D’abord limitées au voisinage des amas sanguins, elles deviennent de plus en plus grandes et cette dégénérescence s’étend de proche en proche. De la sorte, se créent au contact des amas sanguins de grands espaces vides. Ces nouvelles cavités, comme les amas sanguins qui sont en continuité avec elles, restent toujours séparées de l’épiderme par une couche plus ou moins épaisse de cellules mésenchymateuses. Elles ne peuvent ainsi être confondues avec les vésicules sous-épidermiques (Fig. C, Planche 1; et Fig. F, Planche 2).

Dans ces conditions, les faits peuvent être interprétés de la sorte.

Il n’y a pas de formes de passage entre les vésicules sous-épidermiques et les lésions caractéristiques. Par contre, la continuité évolutive est complète entre les vaisseaux dilatés gorgés de sang et les amas sanguins libres par disparition de l’endothélium veineux. Secondairement, des zones de cytolyse apparaissent au contact de ces amas sanguins, créant de grandes cavités. Cette cytolyse s’étend ensuite à diverses formations et en particulier au squelette.

Ces lésions ont beaucoup de répercussions, et c’est là leur principal intérêt. Certaines de celles-ci peuvent être considérées comme légères, tandis que d’autres, au contraire, sont très importantes, car elles atteignent les pièces squelettiques terminales.

Dans certains cas, et surtout à des stades avancés, on peut observer des altérations du côté de l’épiderme: nous l’avons vu sur des foetus du 19e et du 21e jour. Il se produit d’abord un amincissement de ce tissu, puis une résorption de sa partie profonde et enfin une destruction de sa partie superficielle. Les liquides ou les foyers hémorragiques peuvent ainsi s’éliminer.

Au niveau des éléments profonds, en particulier au niveau des pièces squelettiques, les répercussions sont beaucoup plus graves.

L’étude des coupes parallèles à la surface de la main ou du pied révèle, chez les foetus du 21e et du 18e jour, qu’il existe des altérations ou des destructions des pièces terminales.

Dans de nombreux cas, les pièces distales du squelette des doigts, surtout des doigts médians, semblent disparues (Fig. E et F de la Planche 2). L’étude des coupes en série montre en effet qu’au delà des métacarpiens ou métatarsiens qui viennent au contact des amas sanguins, on ne trouve pas trace de pièces squelet-tiques.

Les métacarpiens et les métatarsiens persistent. Souvent, cependant, leur extrémité distale semble élargie et même étalée. Quelquefois, ils sont manifestement coudés comme s’ils étaient déformés par la pression des amas sanguins (Fig. G et H de la Planche 2); ils paraissent alors souvent très allongés comme s’ils étaient prolongés par des éléments non individualisés du squelette digital.

L’étude des fœtus du 16e jour permet de comprendre ces disparitions.

Comme nous l’avons dit antérieurement, des plages de cytolyse se développent autour des amas hématiques. Or, cette cytolyse s’étend aux formations voisines et en particulier aux jeunes pièces squelettiques des doigts, qui sont encore au stade squelettogène ou de précartilage. Cette cytolyse s’attaque à elles, soit latéralement, soit surtout par leur extrémité distale. Au point où ces rayons squelettogènes viennent au contact des tissus en dégénérescence, le tissu se gonfle, les cellules perdent leur cytoplasme, tandis que leur noyau se pycnose.

L’axe squelettique se trouve ainsi constitué de cellules en dégénérescence qui se résorbent de plus en plus. L’ensemble des cellules dégénérées dilate de plus en plus la partie axiale de l’ébauche squelettique. Pendant un certain temps les portions corticales (future zone périchondrale) de ces ébauches persistent et s’écartent de plus en plus (Fig. D, Planche 1; et Fig. J, Planche 3). La dégénérescence débutant par l’extrémité apicale et se propageant progressivement vers les régions proximales, les zones de cytolyse distales sont plus avancées et par suite plus grandes. L’axe prend ainsi un aspect cavitaire très large distalement. Les éléments corticaux qui la bordent prennent de ce fait un aspect en entonnoir. Ce stade est d’ailleurs temporaire et cette région corticale finit par se détruire à son tour. Les pièces squelettiques des doigts ont ainsi disparu complètement. Ces altérations s’étendent jusqu’à l’extrémité distale des métacarpiens ou des métatarsiens qui sont superficiellement atteints; de ce fait sur les fœtus plus âgés, ils semblent ainsi se terminer par des parties élargies en cupule.

Le résultat fondamental de ces lésions est donc la destruction totale de certains doigts et par suite une ectrodactylie.

Des lésions hémorrhagiques ou d’aspect hémorragique ont été observées chez l’embryon à la suite de carences, d’intoxications, et aussi sous l’influence de facteurs génétiques.

Un certain nombre de carences produisent des accidents hémorragiques manifestes chez l’embryon. C’est en particulier le cas de l’avitaminose E (Mason, 1943; Adamstone, 1931), de l’avitaminose K (Plum & Dam, 1949). Browne, Fudge, & Richardson (1947) réalisant chez la rate une carence en vitamine K et en acides gras essentiels ont observé un grand pourcentage d’hémorragies cérébrales chez les petits à la naissance. Moore, Billinger, Miller, & Hellman (1942) ont vu par carence K chez le lapin des hémorragies rétroplacentaires provoquant l’avortement. Avec le dicoumarol, antagoniste de la vitamine K, Kraus, Perlow, & Singer (1949) sur le lapin, et Quick (1946) sur le chien, ont signalé des hémorragies chez le fœtus. La carence en acide linoléique, comme l’a vu M. Martinet (1952), peut provoquer l’apparition d’hémorragies chez le fœtus de rat dans une grande proportion. Ces hémorragies se rencontrent essentiellement au milieu de la queue et au voisinage de la main ou du pied. Elles sont diffuses et dissocient les tissus. Elles peuvent entraÎner des nécroses de l’épiderme, du muscle ou même de l’extrémité du membre.

Avec une série de toxiques on peut observer aussi des accidents hémorragiques chez l’embryon. Ainsi Ancel (1942) a vu chez l’embryon de poulet que certaines substances comme le bleu trypan ou le sulfate quinine provoquent des hémorragies, entre autres des ruptures de la partie terminale des aortes. Dans ce cas l’hémorragie consécutive peut endommager mécaniquement les ébauches caudaules et provoquer diverses malformations localisées telles que la coelo-somie, l’anourie ou des malformations des membres.

Jost (1950) a constaté que certains extraits hypophysaires implantés à l’embryon provoquaient des lésions hémorragiques suivies de nécroses. Il a établi qu’il s’agissait, dans ce cas, d’une substance contractant les vaisseaux: la vasopressine; mais il a constaté de plus que certaines substances hypertensives, telles que l’adrénaline, agissent de même. Les accidents progressent de la façon suivante: il y aurait d’abord des troubles vasculaires suivis d’œdème. Des ampoules claires superficielles apparaÎtraient et ensuite se rempliraient de sang. Il se produirait secondairement des nécroses aboutissant, selon le cas, à la chute du membre ou de la partie distale de la queue. L’âge du fœtus est important; chez le fœtus de 18 jours, la sensibilité a disparu, elle est manifeste entre le 17e et le 15e jour. La position des lésions, variable avec le stade où est fait le traitement, indique qu’elles seraient en rapport avec une maturation céphalo-caudale des vaisseaux. Les lésions de la queue sont les plus difficiles à réaliser, elles nécessitent des doses élevées de vasopressine.

Récemment, après injection de bleu trypan à la rate au 9e jour de la gestation, Murakami (1953) a observé chez le fœtus des bulles sous-épidermiques qui tendent à devenir hémorragiques. Chez la souris, Waddington & Carter (1953) ont signalé également à la suite d’injections de bleu trypan des hématomes au niveau de la queue et de la tête. Ils ont aussi noté l’apparition de bulles sous-épidermiques, mais sans spécifier leurs relations avec les lésions hémorragiques.

Par ailleurs, des accidents très analogues, d’origine génétique, ont été observés depuis longtemps. Greene & Saxton (1939), chez une souche de lapin, ont décrit une brachydactylie caractérisée par la perte d’une partie plus ou moins importante de l’extrémité des membres. Elle s’accompagne aussi d’une destruction de l’extrémité des oreilles. Au début, il apparaît des hémorragies, elles sont suivies de nécroses et le tout se termine par des amputations plus ou moins importantes.

Chez une souche de souris où des mutations se sont probablement produites à la suite de l’exposition aux rayons X, Little & Bagg (1924) ont vu des lésions hémorragiques se terminant par des malformations des yeux et des pattes (syn-dactylie, poly-dactylie, pieds bots, amputations). Pour Bagg, il y aurait d’abord des ampoules remplies de lymphe, qui deviendraient ensuite hémorragiques. Selon Plagens (1933) il se produit d’abord des bulles qui se résorbent. Plus tard il se forme dans les vaisseaux périphériques des thrombi qui seraient les facteurs déterminants des malformations. Bonnevie considère qu’à l’origine il y aurait une issue de liquide céphalorachidien à partir du 4e ventricule. Ce liquide viendrait s’accumuler sous l’épiderme sous forme de vésicules qui pourraient ensuite se déplacer: arrêtées en divers points, et spécialement au niveau des membres, elles deviendraient hémorragiques et provoqueraient des altérations locales du développement.

Jost (1951) qui a proposé, pour désigner toutes ces amputations terminales, le nom d’acroblapsie, fait remarquer que ces amputations d’origine génétique sont analogues à celles obtenues par injection de vasopressine et il a envisagé qu’elles pourraient procéder d’une libération anormale d’hormone post-hypophysaire par le fœtus.

Par ailleurs Jost (1953) examinant la théorie même de Bonnevie (1934) note que les faits embryologiques invoqués en faveur d’une sortie du liquide céphalorachidien suivie d’une migration, ne sont pas démonstratifs. En effet, Bonnevie se base essentiellement sur le fait que, suivant les stades, on trouve d’abord ces vésicules dans la région céphalique, puis, secondairement, au niveau du tronc et des membres: or, ces distinctions chronologiques ne sont pas évidentes.

Personnellement nous n’envisageons pas non plus comme exacte la conception de Bonnevie: ni surtout son extension à certains syndromes cliniques comme le pterygium colli (Giroud). L’origine céphalorachidienne ne nous paraÎt pas évidente du fait que ces bulles se forment alors même que le tube nerveux est complètement ouvert, comme il ressort des figures de Waddington & Carter (1953). Dans notre cas particulier, ces bulles n’interviennent pas dans les lésions caractéristiques.

Les lésions observées dans la carence en acide pantothénique présentent, dans l’ensemble, une topographie analogue à celle qu’à observée Jost après injection de vasopressine. Elles sont en effet localisées surtout aux membres postérieurs et aux membres antérieurs, leur aspect extérieur paraÎt très semblable. On en trouve dans les deux cas au niveau de l’extrémité caudale. Cependant, histologiquement, les lésions, telles que nous les avons observées, paraissent très différentes. Les bulles séreuses sous-épidermiques que nous avons observées, rarement d’ailleurs, n’ont pas de rapports avec nos lésions. Notre description se rapproche de celle de Plagens (1933).

Comme nous l’avons dit, ce que nous observons paraÎt être essentiellement constitué par une stase sanguine avec dilatation veineuse et accumulation de sang qui se trouve secondairement au contact direct des tissus.

Il en résulte des processus de dégénérescence tissulaire qui envahissent les pièces squelettiques terminales et entraÎnent leur résorption.

D’une façon générale on assiste ainsi à un type particulier de malformations, consistant en une dégénérescence secondaire d’ébauches déjà mises en place. C’est ce qui se produit chez l’animal dans les cas d’acroblapsie expérimentale ou génétique. Il nous paraÎt possible que certains cas d’ectromélie ou des cas dits d’amputation, observés chez l’homme, résultent de processus du même ordre.

  1. Des rates ont été soumises à un régime synthétique complet mais dépourvu d’acide pantothénique. Elles ont été ensuite fécondées, et les fœtus ont été prélevés le 21e, 18e, 16e, et 15e jour.

  2. Nombre de fœtus sont atteints d’exencéphalie, d’anophtalmie, d’œdème et d’altérations des membres.

  3. Au 21e jour, l’extrémité des membres apparaît boursouflée et rougeâtre. L’examen histologique à divers stades (surtout le 16e jour) révèle qu’il y a d’abord une stase veineuse dans les veines marginales très dilatées. Il se forme alors par coagulation des amas sanguins, l’endothélium vasculaire disparaissant et ces amas viennent au contact des tissus. Des éléments squelettiques voisins peuvent être déformés par pression.

  4. Surtout, les tissus subissent au contact du sang, une cytolyse qui détruit les ébauches squelettiques des doigts. Il en résulte une ectrodactylie. L’épiderme peut aussi dégénérer de la même façon en certains points, et les liquides accumulés et le sang peuvent s’éliminer.

  5. Ces faits sont comparés avec d’autres accidents vasculaires et hémorragiques, en particulier avec ceux qui entraÎnent des amputations.

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Planche 1

Fig. A. Patte de fœtus du 16e jour à veine marginale (K) très dilatée à l’extrémité de la palette. On voit un thrombus sanguin (Th) dans une des lumières de la veine.

Fig. B. Patte de fœtus du 16e jour. A gauche, veine marginale très dilatée (F). A droite, thrombus (Th) et cytolyse au voisinage.

Fig. C. Patte de fœtus 16e jour avec thrombus (Th). Plage de cytolyse (C) attaquant l’extrémité du squelette.

Fig. D. Patte de fœtus du 16e jour. Thrombi et zones de cytolyse (Cy) détruisant le squelette de 3 doigts.

Planche 1

Fig. A. Patte de fœtus du 16e jour à veine marginale (K) très dilatée à l’extrémité de la palette. On voit un thrombus sanguin (Th) dans une des lumières de la veine.

Fig. B. Patte de fœtus du 16e jour. A gauche, veine marginale très dilatée (F). A droite, thrombus (Th) et cytolyse au voisinage.

Fig. C. Patte de fœtus 16e jour avec thrombus (Th). Plage de cytolyse (C) attaquant l’extrémité du squelette.

Fig. D. Patte de fœtus du 16e jour. Thrombi et zones de cytolyse (Cy) détruisant le squelette de 3 doigts.

Planche 2

Fig. E. Patte de fœtus du 17e jour. Lésion vésiculo-sanguine. Doigts détruits.

Fig. F. Patte de fœtus du 17e jour. A gauche veine marginale dilatée (V), à droite amas sanguin (S) au contact des tissus. Vésicule d’origine cytolytique.

Fig. G. Patte de foetus du 19e jour. A gauche petite vésicule sous-épidermique (Ves). Torsion des pièces squelettiques au contact de l’amas sanguin.

Fig. H. Patte de fœtus du 19e jour. Torsion des pièces squelettiques au contact de l’amas sanguin.

Planche 2

Fig. E. Patte de fœtus du 17e jour. Lésion vésiculo-sanguine. Doigts détruits.

Fig. F. Patte de fœtus du 17e jour. A gauche veine marginale dilatée (V), à droite amas sanguin (S) au contact des tissus. Vésicule d’origine cytolytique.

Fig. G. Patte de foetus du 19e jour. A gauche petite vésicule sous-épidermique (Ves). Torsion des pièces squelettiques au contact de l’amas sanguin.

Fig. H. Patte de fœtus du 19e jour. Torsion des pièces squelettiques au contact de l’amas sanguin.

Planche 3

Fig. I. Extrémité de la patte d’un fœtus du 16e jour. Cytolyse au contact de l’amas sanguin.

Fig. J. Extrémité de la patte d’un fœtus du 16e jour. Zone de cytolyse détruisant les axes des ébauches squelettiques de deux doigts.

Fig. K. Extrémité de la patte d’un fœtus du 21e jour. Destruction de l’épiderme au contact de l’amas sanguin.

Planche 3

Fig. I. Extrémité de la patte d’un fœtus du 16e jour. Cytolyse au contact de l’amas sanguin.

Fig. J. Extrémité de la patte d’un fœtus du 16e jour. Zone de cytolyse détruisant les axes des ébauches squelettiques de deux doigts.

Fig. K. Extrémité de la patte d’un fœtus du 21e jour. Destruction de l’épiderme au contact de l’amas sanguin.