Il est aisé de provoquer des fentes palatines chez les Mammifères de laboratoire. L’action de la cortisone (Walker & Fraser, 1957), l’hypervitaminose A (Giroud & Martinet, 1955), la carence en niacine (Chamberlain & Nelson, 1963), par exemple, ont permis une étude détaillée de ces malformations.

Il est par contre bien plus difficile d’obtenir des becs-de-lièvre. Quelques travaux signalent leur apparition au cours d’expériences tératogènes, mais nous ne connaissons que deux séries de recherches qui aient abouti à un rendement élevé en fentes labio-maxillaires : celles de Nelson, Wright, Asling & Evans (1955) qui administrent oralement une substance antifolique au rat, et celles de Chaube & Murphy (1963) qui utilisent l’hadacidine en injections intra-péritonéales chez le même animal.

En 1962, Gitterman et al. décrivaient un nouvel agent anti-tumoral, le sel monosodique d’un filtrat de Penicillum frequentans, et le nommaient hada-cidine. En fait, l’action anti-tumorale de ce produit n’est pas intense, mais son action tératogène, étudiée en 1963 par Chaube & Murphy, se révéla importante. Parmi les malformations provoquées par l’hadacidine, ces auteurs obtiennent jusqu’à 88 % de fentes labio-maxillaires.

Nous avons cherché à reproduire leurs expériences de manière à pouvoir étudier la genèse des becs-de-lièvre. Nous présentons ici nos premiers résultats envisagés sur le plan strictement morphologique. Une étude histochimique détaillée sera publiée ultérieurement.

Dix rattes Wistar, âgées de 4 à 6 mois et pesant 180 à 200 gr, ont été sélectionnées au début de la gestation. Nous considérons que le jour 0 est celui de la découverte de spermatozoïdes dans le frottis vaginal. Le diagnostic de fécondation est ensuite vérifié par palpation avant d’administrer l’hadacidine.

Celle-ci est injectée dans le péritoine des rattes en deux doses espacées de 6 heures, afin de limiter son effet toxique.

L’hadacidine est dissoute dans du carboxyméthyl cellulose à 0,5 % peu avant l’injection.

Une ratte témoin a été injectée avec le solvant seul. Ses 9 embryons, prélevés le 19ème jour, ne présentaient aucune anomalie.

Huit rattes ont été injectées le llème jour, deux, le 12ème jour (Tableau 1).

Tableau 1.

Résultats de Vinjection d’hadacidine à 10 rattes gestantes

Résultats de Vinjection d’hadacidine à 10 rattes gestantes
Résultats de Vinjection d’hadacidine à 10 rattes gestantes

Nous avons utilisé des doses décroissantes d’hadacidine allant de 5 gr/kg à 1,7 gr/kg.

Les embryons ont été prélevés par césarienne entre le llème jour et demi et le 20ème jour de la gestation. Certaines rattes (R5, R6 et R9) ont été opérées 3 fois à 1 ou 2 jours d’intervalle pour permettre d’étudier des embryons d’âge différent issus d’une même mère et soumis à la même dose de produit tératogène. A cet effet, la ratte est endormie à l’éther et, par une courte laparotomie, les embryons les plus distaux sont prélevés avec leurs cornes utérines, une ligature placée sous la zone de prélèvement empêchant toute hémorragie. Les rattes ont bien supporté ces interventions itératives qui ont néanmoins provoqué un nombre excessif de résorptions embryonnaires. Il n’est en effet pas rare de trouver les embryons proches des ligatures en voie de résorption alors que ces mêmes renflements avaient paru normaux au cours de l’intervention précédente.

Après avoir été prélevés dans la solution physiologique de Locke, les embryons sont étudiés in toto, puis décapités. La région nasale est ensuite dessinée à la chambre claire puis photographiée.

Les pièces ont été fixées soit au Serra soit au Pasteels-Léonard, soit au formol à 10 % ou à l’éthanol absolu froid en fonction des exigences de l’étude cyto-chimique que nous comptons poursuivre parallèlement à l’étude morphologique. Le travail actuel se limitant à l’aspect morphologique de la région nasale, nous réservons pour une publication ultérieure la description détaillée des techniques cytochimiques.

L’organe olfactif a été étudié sur des coupes frontales d’une épaisseur de 10 μ

Chaube & Murphy, de même que Nelson et al., ont décrit les malformations observées chez l’embryon de rat à terme en fonction de la dose et du moment d’administration du produit tératogène à la mère.

Notre but est différent: nous cherchons à étudier la genèse du bec-de-lièvre. Nous nous sommes donc d’emblée placée dans les conditions optimales pour l’obtention d’un grand nombre de fentes labio-maxillaires. Chaube & Murphy en obtiennent 88 % en pratiquant des injections intrapéritonéales de 5 gr/kg d’hadacidine (fractionnée en deux doses à 6 heures d’intervalle) au cours du llème jour de la gestation.

Nous avons répété ces expériences sur la race de rats du laboratoire.

La dose de 5 gr/kg injectée le llème jour nous est apparue trop élevée. Les embryons prélevés le 18ème jour sont entièrement résorbés (expérience Rl, Tableau 1). Lorsqu’on prélève les embryons 2 jours après les injections, ils sont grossièrement malformés et en voie de résorption (expérience R 2). Nous avons donc administré des doses décroissantes d’hadacidine, dont les résultats sont représentés sur le tableau 1, et qui s’échelonnent de 4 gr à 1,7 gr/kg.

On constate que, sur 86 embryons prélevés, 47 (55,8 %) sont résorbés, 32 (37 %) présentent des anomalies de l’organe olfactif, 20 (23,2 %) d’autres malformations externes et 4 (4,6 %) seulement sont normaux. Nous n’avons pas compté parmi les malformations l’œdème parfois extrême qui se manifeste chez les embryons âgés (Planche 1, fig. A 2).

En dehors des anomalies de l’organe olfactif, nous avons rencontré des kystes sous-épiblastiques symétriques au niveau des otocystes (expériences R 3 et R4), une hypogenésie des membres postérieurs (expérience R 6) et divers cas d’omphalocèle (expérience RIO).

Les malformations de la région nasale sont comparables dans toutes nos expériences. Seuls leur intensité et le nombre d’embryons atteints varient avec la dose d’hadacidine injectée. Nous pourrons donc décrire stade par stade les anomalies que l’hadacidine a entraînées. Nous nous référons, pour sérier les étapes du développement, au travail que nous avons publié précédemment sur la morphogenèse du palais primaire du rat (Lejour-Jeanty, 1965). La figure 1 résume ces étapes.

Fig. 1.

Etapes du développement des fosses nasales et du palais primaire chez le rat. La région olfactive est représentée schématiquement en coupes frontales et sagittales. Le niveau des coupes frontales numéroté de a à d correspond pour chaque stade aux traits verticaux des coupes sagittales. 11 jours: apparition de l’épaississement épithélial de la placode olfactive. 1112 jours: invagination placodique, plus marquée à l’arrière. 12 jours: début de la fusion caudo-céphalique des lèvres de la gouttière olfactive. 13 jours: nouveau contact épithélial postérieur, préparant la membrane bucco-nasale. 14 jours: allongement du palais primaire dont la formation s’achève. Apparition et rupture de la membrane bucco-nasale.

Fig. 1.

Etapes du développement des fosses nasales et du palais primaire chez le rat. La région olfactive est représentée schématiquement en coupes frontales et sagittales. Le niveau des coupes frontales numéroté de a à d correspond pour chaque stade aux traits verticaux des coupes sagittales. 11 jours: apparition de l’épaississement épithélial de la placode olfactive. 1112 jours: invagination placodique, plus marquée à l’arrière. 12 jours: début de la fusion caudo-céphalique des lèvres de la gouttière olfactive. 13 jours: nouveau contact épithélial postérieur, préparant la membrane bucco-nasale. 14 jours: allongement du palais primaire dont la formation s’achève. Apparition et rupture de la membrane bucco-nasale.

Comme le montre le Tableau 1, la plupart des embryons ont été prélevés aux stades qui précèdent ou accompagnent la constitution du palais primaire: placode (11 j.), invagination placodique (12 j.), formation et rupture du mur épithélial et apparition de la membrane bucco-nasale (13-14 j.). Nous n’avons laissé évoluer que 3 portées jusqu’à 19 et 20 j. (RI, R7 et R8). On remarquera la proportion importante de résorptions obtenue dans ces expériences. Parmi les 5 embryons qui ont pu atteindre ce stade foetal avancé, 3 sont porteurs d’un bec-de-lièvre unilatéral complet (Planche 1, fig. C2).

Avant de passer à la description des stades, plusieurs remarques s’imposent.

  • (1) L’hadacidine provoque un retard global du développement; c’est ainsi que les embryons prélevés paraissent toujours avoir 1 à 2 jours de retard par rapport à des embryons normaux du même stade.

  • (2) On observe peu après l’administration du produit une dilatation vasculaire intense surtout dans la région céphalique.

  • (3) Il existe un ralentissement de la croissance de l’organe olfactif. Ceci nous permet d’étudier, étalées sur 2 ou 3 jours, des phases du développement qui ne durent normalement que quelques heures (la formation de la placode et son invagination). Ce phénomène est toutefois complexe et variable. Nous verrons par exemple des embryons de 14 jours présenter une membrane bucco-nasale longue et déjà rompue, alors que l’aspect de leur fosse olfactive évoque plutôt un stade de 13 jours.

  • (4) L’hadacidine provoque enfin des anomalies de la région olfactive : absence de fusion des bourgeons nasaux, nécrose du bourgeon nasal externe, kystes prenant leur origine dans les ganglions de Gasser et progressant jusque dans les bourgeons maxillaires. Ces anomalies s’accompagnent de pycnoses cellulaires, particulièrement abondantes et diffuses chez les embryons jeunes qui viennent de subir l’action de la drogue. Plusieurs de ces embryons n’auraient certainement pas atteint le terme, mais leur étude facilite l’analyse des localisations préférentielles de l’action tératogène de l’hadacidine.

  • (5) Nous n’avons pas observé de relation entre les anomalies des embryons et leur emplacement dans la corne utérine.

1. Placode

L’aspect extérieur des embryons de ce stade paraît normal en dehors d’un abondant réseau vasculaire que couvre leur extrémité céphalique. Sur coupes cependant, on découvre de profondes perturbations (Fig. 2).

Fig. 2.

Lésions observées au stade de la placode, après injection d’hadacidine le llème jour (coupes frontales), a, Partie céphalique de la placode; b, partie caudale de la placode. 1, Les parois du prosencéphale sont bourrées de cellules pycnotiques (représentées par un gros pointillé) qui tombent dans la lumière ventriculaire; 2, kystes entourant l’extrémité du prosencéphale; 3, placodes de forme normale mais contenant des cellules pycnotiques; 4, importante dilatation vasculaire.

Fig. 2.

Lésions observées au stade de la placode, après injection d’hadacidine le llème jour (coupes frontales), a, Partie céphalique de la placode; b, partie caudale de la placode. 1, Les parois du prosencéphale sont bourrées de cellules pycnotiques (représentées par un gros pointillé) qui tombent dans la lumière ventriculaire; 2, kystes entourant l’extrémité du prosencéphale; 3, placodes de forme normale mais contenant des cellules pycnotiques; 4, importante dilatation vasculaire.

La paroi du télencéphale est farcie de cellules pycnotiques surtout dans sa région dorsale, complètement effractée par endroits. Ces cellules tombent dans la lumière du ventricule distendu. Les vaisseaux qui entourent le système nerveux sont refoulés en dehors par deux formations kystiques appliquées sur la paroi cérébrale.

Les cellules mésoblastiques sont disloquées et déformées par de l’œdème. Chez l’un des embryons, l’œdème est tel du côté gauche de la tête qu’il prend l’aspect d’un volumineux kyste traversé par quelques rares cellules mésoblastiques (Planche 2, fig. A). Située au milieu du mésoblaste latéral, cette masse liquidienne surmonte la placode olfactive et la vésicule optique qu’elle refoule vers le bas et l’arrière.

La placode, dont l’épaisseur et les contours sont pratiquement normaux, contient elle aussi de nombreuses cellules pycnotiques disséminées.

2. Invagination de la placode

Un ou deux jours après les injections d’hadacidine, la placode commence à s’invaginer. A ce moment, la dégénérescence du prosencéphale se poursuit et intéresse davantage sa paroi dorsale (Fig. 3), bien que l’on trouve encore quelques cellules pycnotiques ventralement et surtout en regard des placodes.

Fig. 3.

Lésions observées au stade d’invagination, après injection d’hadacidine le llème jour (coupes frontales), a, Partie céphalique de la placode; b, partie caudale de la placode; c, coupe des bourgeons maxillaires, en arrière des placodes; d, au niveau de l’œil. 1, Pycnoses dans la paroi du télencéphale : surtout dorsales, également en regard de la placode (représentées par un gros pointillé). 2, Mésoblaste plus dense qu’au stade de placode plane; pycnoses dans le bourgeon nasal externe; la vasodilatation a disparu. 3, Placode invaginée, anormalement épaisse, à membrane basale irrégulière; on y rencontre quelques pycnoses du côté externe. 4, Nerf olfactif plus dorsal que normalement; quelques pycnoses. N.I., bourgeon nasal interne; N.E., bourgeon nasal externe; M., bourgeon maxillaire; O., œil; K.S.E., kystes sous-épiblastiques de petite taille qui se rencontrent à la partie antérieure du bourgeon maxillaire; K.G., kyste prenant son origine dans le ganglion de Gasser (vers le bas du kyste, une lame de tissu ganglionnaire représente l’extrémité antérieure du ganglion de Gasser).

Fig. 3.

Lésions observées au stade d’invagination, après injection d’hadacidine le llème jour (coupes frontales), a, Partie céphalique de la placode; b, partie caudale de la placode; c, coupe des bourgeons maxillaires, en arrière des placodes; d, au niveau de l’œil. 1, Pycnoses dans la paroi du télencéphale : surtout dorsales, également en regard de la placode (représentées par un gros pointillé). 2, Mésoblaste plus dense qu’au stade de placode plane; pycnoses dans le bourgeon nasal externe; la vasodilatation a disparu. 3, Placode invaginée, anormalement épaisse, à membrane basale irrégulière; on y rencontre quelques pycnoses du côté externe. 4, Nerf olfactif plus dorsal que normalement; quelques pycnoses. N.I., bourgeon nasal interne; N.E., bourgeon nasal externe; M., bourgeon maxillaire; O., œil; K.S.E., kystes sous-épiblastiques de petite taille qui se rencontrent à la partie antérieure du bourgeon maxillaire; K.G., kyste prenant son origine dans le ganglion de Gasser (vers le bas du kyste, une lame de tissu ganglionnaire représente l’extrémité antérieure du ganglion de Gasser).

Les kystes latéraux au prosencéphale ont disparu. Le nerf olfactif apparait plus dorsal que normalement, il contient des cellules partiellement pycnotiques. Dans le mésoblaste périolfactif une différence remarquable est apparue entre les régions respectivement destinées à former les bourgeons nasaux externe et interne. Alors que ces régions sont toutes deux très basophiles et riches en figures mitotiques, une cytolyse étendue frappe sélectivement le mésoblaste du futur bourgeon nasal externe, surtout sous l’épiblaste (Planche 2, fig. B). Les cellules pycnotiques sont plus abondantes sous la partie caudale de la placode. Chez les embryons les plus âgés de ce stade, les dimensions du bourgeon nasal externe sont d’ailleurs inférieures à ce que l’on s’attendrait à trouver, surtout dans la région postérieure.

Quant à l’épithélium placodique, il attire l’attention par deux aspects anor-maux: son épaisseur exagérée (Planche 2, fig. B) et l’irrégularité de sa base. Au début de l’invagination, on trouve des cellules pycnotiques dans son futur versant externe, au contact du mésoblaste pycnotique du bourgeon nasal externe en train de se renfler. Plus tard, l’épithélium épaissi ne contient plus de cellules en voie de dégénérescence.

Un autre fait caractéristique du stade d’invagination, c’est l’apparition de kystes prenant leur origine dans la partie supéro-externe du ganglion de Gasser (Planche 2, fig. C). Ils se développent au contact de la veine jugulaire et grandissent vers l’avant dans la base du bourgeon maxillaire. Leur paroi est mince, indifférenciée. En coupe frontale, ils ont un aspect arrondi. Certains d’entre eux, les plus anciens, les plus grands, sont remplis de cellules sanguines. Tous les embryons à fosses nasales anormales prélevés depuis ce stade présentent de tels kystes bilatéraux, sauf dans deux cas où il n’y en a qu’un seul unilatéral. Enfin on rencontre fréquemment à la partie antéro-externe des bourgeons maxillaires deux petits kystes sous-épiblastiques symétriques.

3. Fusion des lèvres de la gouttière

Nous savons que la fusion des lèvres de la gouttière olfactive se fait de l’arrière vers l’avant et en deux temps : d’abord le contact et la fusion des deux épithéliums, puis l’effraction du mur épithélial par le mésoblaste du palais primaire. Ces phénomènes se succèdent si vite chez l’embryon normal que le stade de contact n’est visible qu’à la partie antérieure de la zone de fusion : nous avons en effet montré que, chez le rat, le mur disparaît aussitôt formé. La membrane bucco-nasale se forme à la fin du 13ème jour, à la suite de l’établissement d’un nouveau contact épithélial entre la fosse olfactive et le stomodeum dans le quart postérieur de celle-ci. Cette membrane délimite donc vers l’arrière la zone du palais primaire.

Il est évident que c’est au stade de fusion que vont apparaître les premières anomalies caractéristiques du bec-de-lièvre. Deux de nos embryons, âgés de 13 jours, présentent un début de fusion qui ne permet pas de préjuger de leur évolution ultérieure.

Vingt-six autres embryons ont été prélevés vivants le 14ème jour. Cinq d’entre eux ont des fosses nasales normales : ce sont ceux dont la mère n’a reçu que 1,7 gr/kg d’hadacidine, dose probablement insuffisante pour provoquer la malformation. Vingt et un présentent des anomalies uni- ou bilatérales du processus de fusion; celles-ci varient depuis l’hypoplasie du palais primaire, avec allongement relatif de la narine et de la choane, jusqu’à la fente totale, où les versants de la gouttière restent largement écartés. Entre ces extrêmes, sesituent les cas où le mur épithélial s’est formé mais persiste non effracté sur toute sa longueur.

Chez aucun des embryons étudiés, le bourgeon maxillaire n’intervient dans la fusion. Nous savons que chez l’embryon normal au contraire, il peut participer à la fermeture de la gouttière en fusionnant soit avec le bourgeon nasal interne, soit avec le nasal externe, soit avec les deux à la fois. Ici, il est presque toujours en retrait de la zone de fusion, et, même quand il progresse dans son voisinage, il reste largement en dehors d’elle, longeant le côté externe du bourgeon nasal externe. Parfois, lorsque le processus de fusion est peu perturbé, le bourgeon maxillaire prend contact avec le bourgeon nasal interne en dehors de la zone de fusion (Fig. 4). C’est au stade de la fusion des bords de la gouttière olfactive que l’on peut le mieux se rendre compte de l’effet variable de l’hadacidine en fonction du moment de son administration. Si l’embryon subit l’action tératogène à 12 jours, alors que la fusion a déjà commencé, il est théoriquement impossible de rencontrer des fentes totales, où les lèvres de la gouttière sont entièrement écartées. En effet, tous nos embryons atteints le 12ème jour et prélevés le 14ème, présentent des traces de fusion: soit un palais primaire court, soit un mur épithélial persistant ou simplement une membrane bucco-nasale qui limite vers l’arrière une fente totale. Nous avons décrit que la membrane bucco-nasale se forme toujours dans la partie inférieure d’une zone de contact épithélial; sa présence permet donc d’affirmer que ce contact a eu lieu, même s’il a complètement disparu.

Fig. 4.

Lésions observées au stade de fusion, après injection d’hadacidine le 12ème jour. Embryon de l’expérience R 3. Voyez Planche 1, fig. D, la photo de l’embryon. Coupes frontales céphalo-caudales. L’embryon a un palais primaire court des deux côtés (200 et 180μ pour des fosses de 670 et 690μ-Les pycnoses sont représentées par un gros pointillé. 1, Extrémité antérieure du télencéphale; 2, nerf olfactif; G, carotide; J., jugulaire; P., pharynx; G.G., ganglion de Gasser.

Fig. 4.

Lésions observées au stade de fusion, après injection d’hadacidine le 12ème jour. Embryon de l’expérience R 3. Voyez Planche 1, fig. D, la photo de l’embryon. Coupes frontales céphalo-caudales. L’embryon a un palais primaire court des deux côtés (200 et 180μ pour des fosses de 670 et 690μ-Les pycnoses sont représentées par un gros pointillé. 1, Extrémité antérieure du télencéphale; 2, nerf olfactif; G, carotide; J., jugulaire; P., pharynx; G.G., ganglion de Gasser.

Au contraire, lorsque l’embryon subit l’action tératogène le llème jour, au stade de formation de la placode, on peut rencontrer des fentes très larges sans trouver de trace de membrane bucco-nasale le 14ème jour.

Nous n’avons injecté que deux rattes le 12ème jour, préférant atteindre l’organe olfactif au stade initial de sa formation, malgré la sensibilité plus grande de l’embryon jeune à l’effet toxique de la drogue (voir sur le Tableau 1, le nombre moins élevé de résorptions chez les rattes injectées le 12ème jour).

Après l’injection au llème jour, l’aspect extérieur des embryons prélevés au début du stade de fusion (13 jours dans nos expériences) est normal, mis à part leur retard chronologique. La congestion céphalique a disparu. A l’examen microscopique, on retrouve les modifications cytologiques déjà décrites au stade d’invagination avancée.

Au contraire, chez les embryons prélevés le 14ème jour, les fentes partielles ou totales du palais primaire sont décelables à l’examen macroscopique (Planche 1, figs. D à G), tandis que des kystes gassériens, parfois remplis de sang rouge, boursouflent la racine des bourgeons maxillaires.

L’étude microscopique de ces embryons révèle l’apparition de nombreuses modifications par rapport au stade précédent.

Nous trouvons tous les degrés d’anomalies du processus de fusion; elles sont le plus souvent asymétriques, une gouttière nasale étant plus atteinte que l’autre. Toutefois, il est frappant de constater que l’asymétrie se limite à la zone de fusion; ailleurs, la situation et la conformation des fosses nasales droite et gauche sont comparables. Autrement dit, la taille des bourgeons nasaux et maxillaire ne varie pas avec le degré de la fente. .

Normalement, l’embryon de 14 jours a des fosses nasales longues de 1.500 microns environ; plus de la moitié de celles-ci surplombe le palais primaire, nappe de mésoblaste s’étendant depuis la narine jusqu’à la choane ouverte ou non (Planche 1, fig. B).

Nous pouvons diviser les anomalies rencontrées en trois degrés :

  • (a) Le premier degré d’anomalie consiste en un raccourcissement du palais primaire: 180–250μpour une fosse de 650–900 μ (Planche 1, fig. D; Fig. 4).

  • (b) Dans des cas plus graves (anomalie du 2ème degré), le mur épithélial s’est constitué par l’accolement des lèvres de la gouttière mais au lieu de disparaître dès sa formation, il persiste (Planche 1, fig. E; Fig. 5). A ce mur très court (120– 160 μ) fait suite une longue choane (200-500 /z) dont les extrémités antérieure et parfois postérieure montrent des résidus de membrane bucco-nasale.

  • (c) De nombreux embryons ont une fente totale parfois bilatérale (anomalie du 3ème degré). Toutefois, comme nous l’avons dit précédemment, ceux qui ont subi l’agression tératogène à 12 jours ont une membrane bucco-nasale (Planche 1, fig. F; Fig. 5), alors que ceux dont la mère a été injectée le llème jour n’ont aucune trace de fusion. Dans ce cas, les versants de la gouttière sont plus largement écartés (Planche 1, fig. G; Fig. 7).

Fig. 5.

Lésions observées au stade de fusion, après injection d’hadacidine le 12ème jour. Embryon de l’expérience R4. Voyez Planche 1, fig. E, la photo de l’embryon. Coupes frontales céphalo-caudales. L’embryon a un palais primaire court à droite (210μ pour une fosse de 910μ). A gauche, le mur épithélial persiste (160μ pour une fosse de 900μ). M.Ep., Mur épithélial; M.b.n., membrane bucco-nasaie; Co., ébauche atrophiée du cornet supérieur. Les 2 kystes gassériens contiennent des hématies.

Fig. 5.

Lésions observées au stade de fusion, après injection d’hadacidine le 12ème jour. Embryon de l’expérience R4. Voyez Planche 1, fig. E, la photo de l’embryon. Coupes frontales céphalo-caudales. L’embryon a un palais primaire court à droite (210μ pour une fosse de 910μ). A gauche, le mur épithélial persiste (160μ pour une fosse de 900μ). M.Ep., Mur épithélial; M.b.n., membrane bucco-nasaie; Co., ébauche atrophiée du cornet supérieur. Les 2 kystes gassériens contiennent des hématies.

Fig. 7.

Lésions observées au stade de fusion, après injection d’hadacidine, le llème jour. Embryon de l’expérience R 6. Voyez Planche 1, fig. G, la photo de l’embryon. Coupes frontales céphalo-caudales. L’embryon a une fente bilatérale complète sans membranes bucco-nasales. Les bourgeons nasaux internes et externes sont largement écartés. Remarquer le volume très différent des kystes gassériens: le gauche est très grand et s’étire dans le bourgeon maxillaire: le droit n’occupe qu’une partie du ganglion de Gasser dont il ne dépasse pas les limites.

Fig. 7.

Lésions observées au stade de fusion, après injection d’hadacidine, le llème jour. Embryon de l’expérience R 6. Voyez Planche 1, fig. G, la photo de l’embryon. Coupes frontales céphalo-caudales. L’embryon a une fente bilatérale complète sans membranes bucco-nasales. Les bourgeons nasaux internes et externes sont largement écartés. Remarquer le volume très différent des kystes gassériens: le gauche est très grand et s’étire dans le bourgeon maxillaire: le droit n’occupe qu’une partie du ganglion de Gasser dont il ne dépasse pas les limites.

Quel que soit le type d’anomalie de la fusion, les modifications du système nerveux, du mésoblaste et de l’épithélium placodique sont comparables.

Du fait de l’allongement du museau, seule l’extrémité du télencéphale surmonte la partie postérieure des fosses nasales. Sa forme générale et ses cavités sont normales, mais sa paroi dorsale, très mince, reste le siège de nombreuses pycnoses. Le nerf olfactif rejoint la face interne des lobes télencé-phaliques. Il est formé de fibres nerveuses onduleuses et dissociées par de l’œdème, et de cellules parfois pycnotiques (Planche 2, fig. E).

Le mésoblaste, maintenant réparti en bourgeons, est le siège d’altérations caractéristiques qui confirment celles qui s’annonçaient au stade précédent. Les 3 bourgeons maxillaire et nasaux sont riches en figures mitotiques; il est possible qu’il s’agisse de mitoses bloquées par l’effet de l’hadacidine. Par contre, on trouve des cellules pycnotiques exclusivement dans le bourgeon nasal externe. Le mésoblaste de ce bourgeon offre l’aspect d’un tissu irrégulièrement dissocié par l’œdème (Planche 2, figs. D, E). Cette modification régionale permet de repérer exactement les limites de ce champ mésoblastique, tant vers le bas où il a fusionné avec le bourgeon maxillaire, que vers le haut. Ici, la limite du bourgeon nasal dessine une ligne à concavité inférieure qui réunit de bas en haut et de dedans en dehors le bord supéro-externe de la fosse nasale et la paroi latérale de la tête. En arrière des fosses nasales, le champ mésoblastique nasal externe prend en coupe frontale l’aspect d’un triangle à base externe qui s’amenuise progressivement (Fig. 6 c).

Fig. 6.

Lésions observées au stade de fusion, après injection d’hadacidine le 12ème jour. Embryon de l’expérience R3. Voyez Planche 1, fig. F, la photo de l’embryon. Coupes frontales céphalo-caudales. L’embryon a une fente bilatérale complète avec persistance des membranes bucco-nasales. Remarquer que le bourgeon nasal externe se distingue du mésoblaste avoisinant jusqu’à sa partie postérieure par l’existence de cellules pycnotiques. Le kyste gassérien droit contient des hématies. O.J., Ebauche de l’organe de Jacobson.

Fig. 6.

Lésions observées au stade de fusion, après injection d’hadacidine le 12ème jour. Embryon de l’expérience R3. Voyez Planche 1, fig. F, la photo de l’embryon. Coupes frontales céphalo-caudales. L’embryon a une fente bilatérale complète avec persistance des membranes bucco-nasales. Remarquer que le bourgeon nasal externe se distingue du mésoblaste avoisinant jusqu’à sa partie postérieure par l’existence de cellules pycnotiques. Le kyste gassérien droit contient des hématies. O.J., Ebauche de l’organe de Jacobson.

L’épithélium olfactif, généralement mince, tapisse des fosses anormalement petites et dépourvues des ébauches des cornets supérieurs qui se forment normalement au stade de 14 jours. Ces cornets sont parfois présents mais réduits à de minuscules proliférations épithéliales du dôme olfactif dans la lumière de la fosse (Fig. 5d; Planche 2, fig. E). On ne rencontre dans l’épithélium ni mitoses, ni pycnoses.

Les kystes gassériens ont grandi depuis leur apparition au stade d’invagination (Planche 2, figs. E, F, G). Si leur situation est toujours la même, leur taille a augmenté et varie considérablement d’un embryon à l’autre et d’un côté à l’autre du même embryon (Fig. Id). Ils sont rarement limités à l’étendue du ganglion lui-même. Souvent, ils se prolongent jusqu’à la racine du bourgeon maxillaire : parfois, même, ils s’avancent presque jusqu’à son extrémité antérieure (Fig. 4 c).

Chez les cinq embryons de l’expérience RIO dont les fosses nasales sont normales, il n’y a ni pycnoses du bourgeon nasal externe, ni kystes gassériens. Par contre, les 21 embryons qui ont des anomalies de la fusion présentent tous des dégénérescences cellulaires dans le bourgeon nasal externe et des kystes des ganglions de Gasser. Dans deux cas toutefois, ces kystes sont unilatéraux. On peut établir une relation entre les fentes et la présence de kystes, les plus gros kystes accompagnant généralement des fentes totales; mais cette relation n’est pas absolue. Par contre, nous ne trouvons pas plus de pycnoses dans le bourgeon nasal externe là où il y a une fente que là où nous observons seulement un palais primaire trop court.

4. Embryons près du terme

Notre série ne comporte que 5 embryons arrivés à ce stade. Trois d’entre eux ont une fente unilatérale totale, l’un est très petit et macéré, son frère est extrêmement œdématié (Planche 1, fig. A). Seul le 3ème, dont la mère a reçu 2 gr/kg d’hadacidine le 1 lème jour et qui a été prélevé le 19ème jour, paraît viable. Son museau est plus court que celui de son frère normal et il présente une fente droite complète (Planche 1, fig. C2; Planche 2, fig. H). Il semble par ailleurs normalement développé.

A l’examen microscopique de ces embryons, on ne découvre aucun kyste.

Lorsqu’on examine le Tableau 1, on ne peut manquer d’être frappé par le double effet de l’hadacidine : effet toxique d’une part et effet tératogène localisé principalement aux fosses nasales d’autre part.

Notre courte série d’expériences ne permet guère d’apprécier l’effet toxique puisque nous avons effectué des prélèvements à différents stades du développement. Un bon nombre des embryons examinés n’auraient sans doute pas atteint le terme et auraient été classés parmi les résorptions si nous avions laissé évoluer les portées. L’effet toxique de l’hadacidine est donc considérable aux doses utilisées puisque déjà dans nos conditions expérimentales, on observe la résorption des 3/5èmes des embryons.

En ce qui concerne son effet tératogène sur les fosses nasales, l’hadacidine semble bien le produit de choix lorsqu’on l’injecte le llème ou le 12ème jour. Presque tous les embryons sont atteints. Beaucoup d’agents tératogènes déçoivent l’expérimentateur par un ‘all or none effect’, leur effet tératogène ne se manifestant qu’à des doses élevées qui s’avèrent toxiques pour la poursuite du développement. L’hadacidine au contraire se caractérise par un seuil tératogène plus bas que le seuil toxique, ce qui permet une étude tératologique. Chez la race de rats Wistar du laboratoire, la dose tératogène est un peu supérieure à 1,7 gr/kg tandis que la dose toxique est approximativement de 3 gr/kg. D’autre part, ce produit paraît être particulièrement nocif au développement de l’extrémité antérieure du prosencéphale et de la région olfactive. Le diencéphale et les vésicules optiques paraissent se développer normalement chez la plupart des embryons de même que le rhombencéphale et la moelle tróncale.

Dans le Tableau 1, nous classons les anormaux sous la rubrique ‘anomalies de l’organe olfactif’ et non ‘becs-de-lièvre ‘car il est impossible de prédire quel eût été le sort des embryons jeunes que nous avons prélevés. De plus, au stade de 14 jours, certains embryons qui ont un palais primaire formé mais trop court sont classés dans ce groupe car ils ne peuvent pas être réellement considérés comme des becs-de-lièvre. Il serait certes intéressant de savoir ce que deviennent ces cas intermédiaires. On peut se demander s’ils arrivent à terme, si le palais primaire se rompt en complétant la fente ébauchée ou bien grandit en raccourcissant la choane. Une étude plus approfondie de ces cas pourrait éclairer le problème de la pathogénie des ponts que l’on rencontre parfois chez l’homme entre les versants de la fente. Il est certain qu’on n’observe pas à la naissance tous les degrés d’anomalie de fusion que nous avons trouvés dans cette étude. Par conséquent, on doit conclure que les nombreuses formes intermédiaires rencontrées en cours de développement évoluent soit vers une aggravation des lésions, comme le supposait Veau (1935), soit vers un processus de réparation, comme le prétendaient Maurer (1937) et Hopke & Maurer (1938). Notre étude actuelle ne fournit pas la réponse à cette question mais, remontant jusqu’aux premiers stades, elle découvre un enchaînement dans les modifications qui surviennent au cours du développement de l’organe olfactif. Nous pouvons ainsi tenter d’interpréter les mécanismes pathogéniques du bec-de-lièvre.

Une première constatation est la précocité et l’importance des lésions du télencéphale. Au cours des premiers stades, sa paroi est littéralement farcie de cellules pycnotiques. La cytolyse affecte moins globalement le mésoblaste et la placode mais elle ne tarde pas à frapper sélectivement les territoires juxta-placodiques du bourgeon nasal externe.

Nous savons que l’épaississement de la placode et puis son invagination se réalisent vraisemblablement sous l’effet d’une induction émanant du plancher prosencéphalique. Il est donc plausible de penser que les graves lésions observées à ce niveau influencent directement le développement initial de l’organe olfactif; on observe que la placode s’invagine mal, qu’elle est trop épaisse et que sa membrane basale est irrégulière. Ces modifications sont trop accusées pour pouvoir les imputer au ralentissement général du développement embryonnaire provoqué par la drogue. La partie externe de l’ébauche placodique souffre le plus et, dès avant l’invagination, on peut prédire que les anomalies se concentreront à ce niveau. Quant à l’œdème mésoblastique et aux kystes qui se forment sur les côtés du télencéphale, Deol (1965) a montré qu’ils sont de constatation fréquente dans les diverses anomalies du système nerveux. Il semble donc que l’hadacidine a principalement une action neurotrope et que les lésions olfactives, de même que les œdèmes et les kystes, sont des altérations secondaires aux lésions du prosencéphale. A l’appui de cette façon de voir, on peut encore invoquer les kystes gassériens qui se développent au sein des crêtes neurales au stade d’invagination de la placode olfactive. Frappée brutalement à son stade initial, l’organogénèse de la région nasale se poursuit sans harmonie aux dépens d’ébauches dont les relations normales ont été perturbées. Le bourgeon nasal externe, particulièrement atteint, se développe mal, et sa fusion avec le bourgeon nasal interne est soit absente, soit incomplète. Quant au bourgeon maxillaire, il n’arrive jamais à participer à la fusion. En général, il reste franchement en-dehors du bourgeon nasal externe auquel il se soude partiellement. Il garde ainsi une certaine individualité et, dans les fentes totales, il élargit et aplatit le plafond stomodéal.

Quel rôle jouent vis-à-vis du bourgeon maxillaire les kystes qui en occupent la racine? On imagine volontiers qu’ils ralentissent sa croissance en comprimant ses vaisseaux nourriciers; sans doute, doivent-ils aussi contribuer à le déplacer en-dehors. Nous nous sommes demandé si le volume de certains kystes ne pouvait pas s’opposer à la fusion de la gouttière olfactive, mais cela nous paraît exclu. Il n’existe aucune relation entre le volume des kystes et la gravité des anomalies de la fusion. D’ailleurs, au moment où la fusion commence, les kystes sont encore très postérieurs et de volume réduit. Cet effet mécanique des kystes étant exclu, il est difficile de savoir si les kystes gassériens participent à la pathogénie des fentes ou s’ils ne sont que des épiphénomènes. Pour trancher ce problème, il serait très intéressant de comparer l’action de l’hadacidine à celle d’un autre agent tératogène et surtout à ce que l’on pourrait observer chez des animaux présentant des fentes congénitales du palais primaire.

  1. L’hadacidine provoque chez le rat des becs-de-lièvre typiques comparables à ceux que l’on observe en clinique humaine.

  2. Les premiers effets de ce produit se manifestent déjà quelques heures après son injection sous la forme d’une dégénérescence brutale de l’extrémité antérieure du prosencéphale. En même temps apparaissent de l’œdème dans le mésoblaste et des pycnoses dans la placode olfactive.

  3. Bientôt, les lésions olfactives se localisent du côté externe de la placode et dans le mésoblaste sous-jacent destiné à former le bourgeon nasal externe. Quand la pacode s’invagine, le bourgeon nasal externe s’individualise et les nombreuses cellules en dégénérescence qu’il contient permettent de repérer avec précision les limites profondes de son mésoblaste. Il s’accroît moins que le bourgeon nasal interne et n’arrive pas toujours à fusionner avec lui, créant alors une fente complète.

  4. Lorsque la fusion se produit, elle est généralement incomplète : le mur épithélial persiste entièrement ou il n’est que partiellement effracté par le mésoblaste. Dans ce cas, l’embryon de 14 jours a un palais primaire court et une longue choane.

  5. Quant au bourgeon maxillaire, il s’accole au côté externe du bourgeon nasal externe ou plus rarement du bourgeon nasal interne, en dehors de la zone de fusion. Sa racine est occupée par un kyste géant issu du ganglion de Gasser chez tous les embryons atteints de fente ébauchée ou complète. Le rôle pathogénique éventuel de ces kystes dans les becs-de-lièvres reste à élucider.

  6. En conclusion, l’administration d’hadacidine chez la ratte gravide de 11 ou 12 jours provoque des perturbations de l’organogenèse olfactive qui semblent dépendre d’une grave atteinte du prosencéphale. Les lésions se concentrent dans le bourgeon nasal externe. C’est lui qui paraît responsable de l’absence ou de l’insuffisance de fusion des bords de la gouttière olfactive. Le bourgeon maxillaire ne participe jamais à la fusion. Son développement entravé et désorienté ne peut néanmoins manquer de contribuer à la persistance du mur épithélial.

Hare-lip in the rat induced by a penicillin derivative, hadacidin

  1. Hadacidin induces in the rat typical hare lips which may be compared with human abnormalities.

  2. The first effect of this compound appears a few hours after its injection as a sudden degeneration of the anterior extremity of the telencephalon. At the same time, the whole mesoderm becomes oedematous and the olfactory placode undergoes a partial necrosis.

  3. Soon the olfactory lesions become simultaneously predominant in the external part of the ectoderm and in the underlying mesoderm of the external nasal process. Many dying cells remain present in the growing mesoderm of the external nasal process; their demonstration in sections has allowed an easy distinction between this material and the surrounding cephalic mesoderm. As a consequence, the growth of the external process is restricted in comparison with that of the internal one and the resulting absence of fusion between these rudiments leads to a complete cleft.

  4. When fusion does take place, it is usually incomplete : the whole epithelial wall persists or may be partially destroyed by the mesoderm. In the latter case, the 14-day embryo has a short primary palate and a long choana.

  5. The maxillary process fuses with the external aspect of the external nasal process, or, infrequently, with that of the internal process, outside the zone of fusion. In all the hare-lip embryos, the basal stump of the maxillary process is invaded by a giant bleb originating in the Gasserian ganglion. The possible pathogenic role of these blebs in hare-lip formation remains obscure.

  6. Thus the administration of hadacidin to the pregnant rat of 11 or 12 days induces abnormalities of olfactory organogenesis which seem to be a secondary effect of a primary injury to the prosencephalon. The lesions are confined to the external nasal process, which seems to be responsible for the absence or incompleteness of fusion of both edges of the olfactory pit. The maxillary process never takes part in the fusion. Its slow and disorientated growth must, however, contribute to the maintenance of the epithelial wall.

Nous remercions vivement la firme Merck, Sharp et Dohme, Rahway, New Jersey, qui nous a gracieusement fourni l’hadacidine.

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Planche 1

Fig. A. Trois embryons de l’expérience R 8, prélevés le 20ème jour. Leur mère a reçu 2 gr/kg d’hadacidine le 1 lème jour de la gestation. A1 est macéré; il présente une fente labiale gauche; A2, très œdématié, a une fente labiale droite; A3, modérément œdématié, ne présente pas d’anomalie apparente.,

Fig. B. Vue ventrale du palais d’un embryon normal de 14 jours. Remarquer la forme des orifices narinaires (N.) et la présence des choanes primitives (Ch.) qui limitent à l’arrière le palais primaire. Les crêtes palatines (C.P.) qui formeront le palais secondaire, sont à peine ébauchées.

Fig. C. Deux embryons de l’expérience R 7, prélevés le 19ème jour. Leur mère a reçu 2 gr/kg d’hadacidine le llème jour de la gestation. Cl, Vue ventrale du palais d’un des embryons, qui est normal; C2, palais plus court; bec-de-lièvre droit complet.

Fig. D. Vue antérieure de la tête d’un embryon de l’expérience R 3, âgé de 14 jours et dont la mère a reçu 4 gr/kg d’hadacidine le 12ème jour de la gestation. Palais primaire court bilatéral. Remarquer la position trop externe des bourgeons maxillaires (M.); O. — œil. Voir Fig. 4, la représentation schématique en coupes frontales des fosses nasales de cet embryon.

Fig. E. Vue antéro-inférieure de la tête d’un embryon de l’expérience R4, âgé de 14 jours et dont la mère a reçu 3,5 gr/kg d’hadacidine le 12ème jour de la gestation. Palais primaire court à droite. A gauche, les bourgeons nasaux interne (N.L) et externe (N.E.) sont en contact et le mur épithélial persiste. Le bourgeon maxillaire (M.) est nettement en-dehors de la zone de fusion. Voir Fig. 5, la représentation schématique en coupes frontales des fosses nasales de cet embryon. .

Fig. F. Vue antéro-inférieure de la tête d’un embryon de l’expérience R 3, frère de celui représenté fig. D. Ici, il existe une fente bilatérale complète avec persistance des membranes bucco-nasales (M.b.n.) que l’on remarque à l’arrière des gouttières nasales. Les bourgeons maxillaires sont restés en arrière et en dehors des régions nasales. Voir Fig. 6, la représentation schématique en coupes frontales des fosses nasales de cet embryon.

Fig. G. Vue antéro-inférieure de la tête d’un embryon de l’expérience R6, âgé de 14 jours et dont la mère a reçu 2,5 gr/kg d’hadacidine le llème jour de la gestation. Fente bilatérale complète sans trace de fusion. Les bourgeons nasaux internes et externes sont largement écartés, contrairement à ce que l’on observe chez l’embryon de la fig. F. Les bourgeons maxillaires sont restés en arrière et en dehors des régions nasales. Voir Fig. 7, la représentation schématique en coupes frontales des fosses nasales de cet embryon.

Planche 1

Fig. A. Trois embryons de l’expérience R 8, prélevés le 20ème jour. Leur mère a reçu 2 gr/kg d’hadacidine le 1 lème jour de la gestation. A1 est macéré; il présente une fente labiale gauche; A2, très œdématié, a une fente labiale droite; A3, modérément œdématié, ne présente pas d’anomalie apparente.,

Fig. B. Vue ventrale du palais d’un embryon normal de 14 jours. Remarquer la forme des orifices narinaires (N.) et la présence des choanes primitives (Ch.) qui limitent à l’arrière le palais primaire. Les crêtes palatines (C.P.) qui formeront le palais secondaire, sont à peine ébauchées.

Fig. C. Deux embryons de l’expérience R 7, prélevés le 19ème jour. Leur mère a reçu 2 gr/kg d’hadacidine le llème jour de la gestation. Cl, Vue ventrale du palais d’un des embryons, qui est normal; C2, palais plus court; bec-de-lièvre droit complet.

Fig. D. Vue antérieure de la tête d’un embryon de l’expérience R 3, âgé de 14 jours et dont la mère a reçu 4 gr/kg d’hadacidine le 12ème jour de la gestation. Palais primaire court bilatéral. Remarquer la position trop externe des bourgeons maxillaires (M.); O. — œil. Voir Fig. 4, la représentation schématique en coupes frontales des fosses nasales de cet embryon.

Fig. E. Vue antéro-inférieure de la tête d’un embryon de l’expérience R4, âgé de 14 jours et dont la mère a reçu 3,5 gr/kg d’hadacidine le 12ème jour de la gestation. Palais primaire court à droite. A gauche, les bourgeons nasaux interne (N.L) et externe (N.E.) sont en contact et le mur épithélial persiste. Le bourgeon maxillaire (M.) est nettement en-dehors de la zone de fusion. Voir Fig. 5, la représentation schématique en coupes frontales des fosses nasales de cet embryon. .

Fig. F. Vue antéro-inférieure de la tête d’un embryon de l’expérience R 3, frère de celui représenté fig. D. Ici, il existe une fente bilatérale complète avec persistance des membranes bucco-nasales (M.b.n.) que l’on remarque à l’arrière des gouttières nasales. Les bourgeons maxillaires sont restés en arrière et en dehors des régions nasales. Voir Fig. 6, la représentation schématique en coupes frontales des fosses nasales de cet embryon.

Fig. G. Vue antéro-inférieure de la tête d’un embryon de l’expérience R6, âgé de 14 jours et dont la mère a reçu 2,5 gr/kg d’hadacidine le llème jour de la gestation. Fente bilatérale complète sans trace de fusion. Les bourgeons nasaux internes et externes sont largement écartés, contrairement à ce que l’on observe chez l’embryon de la fig. F. Les bourgeons maxillaires sont restés en arrière et en dehors des régions nasales. Voir Fig. 7, la représentation schématique en coupes frontales des fosses nasales de cet embryon.

Planche 2

Fig. A. Coupe frontale du prosencéphale et de la placode olfactive (Pl.olf.) gauche d’un embryon de 11 jours, quelques heures après l’injection d’hadacidine. Réaction de l’adénosine triphosphorique phosphohydrolase qui caractérise l’endothélium vasculaire et met bien en évidence l’intense congestion vasculaire (v.). Remarquer la dissociation œdémateuse (oed.) des cellules du mésoblaste latéro-prosencéphalique qui prend un aspect kystique. Nombreuses pycnoses (p.) dans la paroi du prosencéphale. Des cellules pycnotiques tombent dans la lumière du ventricule.

Fig. B. Coupe frontale de la placode olfactive gauche d’un embryon de 12 jours, 24 heures après l’injection d’hadacidine. Réaction d’Unna-Brachet. On remarque l’épaisseur anormale de la placode ainsi que l’œdème et les pycnoses cellulaires (p.) dans le mésoblaste sous-jacent à la partie supérieure de la placode.

Fig. C. Coupe frontale, en arrière des yeux, de la tête d’un embryon de 13 jours au stade d’invagination placodique. L’injection d’hadacidine a été faite le llème jour. Réaction d’Unna-Brachet. La racine de chaque bourgeon maxillaire contient un grand kyste (K.G.) longé sur son bord interne par la veine jugulaire (J.). La partie inférieure du kyste gauche est occupée par les cellules du ganglion de Gasser (G.G.) dont il est issu.

Fig. D. Coupe frontale des fosses nasales d’un embryon de 14 jours, 48 heures après l’injection d’hadacidine. Réaction de la phosphatase acide qui montre déjà au faible grossissement les pycnoses cellulaires (p.) des bourgeons nasaux externes. Absence de fusion à droite. Dilatation vasculaire dans le palais primaire (P.P.) gauche. Etirement du bourgeon maxillaire (M.) droit. Kystes sous-épiblastiques (K.S.E.), à la partie supéro-externe des bourgeons maxillaires (2 à droite, 1 à gauche). Les fosses nasales sont anormalement petites et ne présentent pas d’ébauches de cornets. O. J., Organe de Jacobson.

Fig. E. Coupe plus postérieure de la fosse droite du même embryon, au niveau des choanes (Ch.). Réaction de la phosphatase alcaline qui met particulièrement en évidence le tissu nerveux. Un kyste volumineux occupe le bourgeon maxillaire (K.G.). L’extrémité antérieure du télencéphale est coupée tangentiellement (T.). Les fibres du nerf olfactif (N.O.), dissociées par de l’œdème, la rejoignent. Dans le fond de la petite fosse olfactive saille l’ébauche atrophiée du cornet supérieur (C.S.).

Fig. F. Coupe plus postérieure du même embryon. Réaction de la phosphatase alcaline. L’ébauche des crêtes palatines (C.P.) est refoulée en dedans par deux énormes kystes (K.G.). A ce niveau, on trouve à la partie inféro-interne de ces kystes de fines lamelles de tissu riche en phosphatase alcaline et qui représentent l’extrémité antérieure des ganglions de Gasser (G. G. ). Fig. G. Plus postérieurement encore, on voit les ganglions de Gasser aplatis par les kystes qu’ils ont formés.

Fig. H. Coupe frontale du museau de l’embryon de 19 jours présentant un bec-de-lièvre droit, qui est photographié sur la Planche 1, fig. C2. Coloration à l’hémalun éosine. Outre la fente du plancher nasal (F.N.g. : fosse nasale gauche; F.N.dr. : fosse nasale droite), on peut observer la déformation du squelette.

Planche 2

Fig. A. Coupe frontale du prosencéphale et de la placode olfactive (Pl.olf.) gauche d’un embryon de 11 jours, quelques heures après l’injection d’hadacidine. Réaction de l’adénosine triphosphorique phosphohydrolase qui caractérise l’endothélium vasculaire et met bien en évidence l’intense congestion vasculaire (v.). Remarquer la dissociation œdémateuse (oed.) des cellules du mésoblaste latéro-prosencéphalique qui prend un aspect kystique. Nombreuses pycnoses (p.) dans la paroi du prosencéphale. Des cellules pycnotiques tombent dans la lumière du ventricule.

Fig. B. Coupe frontale de la placode olfactive gauche d’un embryon de 12 jours, 24 heures après l’injection d’hadacidine. Réaction d’Unna-Brachet. On remarque l’épaisseur anormale de la placode ainsi que l’œdème et les pycnoses cellulaires (p.) dans le mésoblaste sous-jacent à la partie supérieure de la placode.

Fig. C. Coupe frontale, en arrière des yeux, de la tête d’un embryon de 13 jours au stade d’invagination placodique. L’injection d’hadacidine a été faite le llème jour. Réaction d’Unna-Brachet. La racine de chaque bourgeon maxillaire contient un grand kyste (K.G.) longé sur son bord interne par la veine jugulaire (J.). La partie inférieure du kyste gauche est occupée par les cellules du ganglion de Gasser (G.G.) dont il est issu.

Fig. D. Coupe frontale des fosses nasales d’un embryon de 14 jours, 48 heures après l’injection d’hadacidine. Réaction de la phosphatase acide qui montre déjà au faible grossissement les pycnoses cellulaires (p.) des bourgeons nasaux externes. Absence de fusion à droite. Dilatation vasculaire dans le palais primaire (P.P.) gauche. Etirement du bourgeon maxillaire (M.) droit. Kystes sous-épiblastiques (K.S.E.), à la partie supéro-externe des bourgeons maxillaires (2 à droite, 1 à gauche). Les fosses nasales sont anormalement petites et ne présentent pas d’ébauches de cornets. O. J., Organe de Jacobson.

Fig. E. Coupe plus postérieure de la fosse droite du même embryon, au niveau des choanes (Ch.). Réaction de la phosphatase alcaline qui met particulièrement en évidence le tissu nerveux. Un kyste volumineux occupe le bourgeon maxillaire (K.G.). L’extrémité antérieure du télencéphale est coupée tangentiellement (T.). Les fibres du nerf olfactif (N.O.), dissociées par de l’œdème, la rejoignent. Dans le fond de la petite fosse olfactive saille l’ébauche atrophiée du cornet supérieur (C.S.).

Fig. F. Coupe plus postérieure du même embryon. Réaction de la phosphatase alcaline. L’ébauche des crêtes palatines (C.P.) est refoulée en dedans par deux énormes kystes (K.G.). A ce niveau, on trouve à la partie inféro-interne de ces kystes de fines lamelles de tissu riche en phosphatase alcaline et qui représentent l’extrémité antérieure des ganglions de Gasser (G. G. ). Fig. G. Plus postérieurement encore, on voit les ganglions de Gasser aplatis par les kystes qu’ils ont formés.

Fig. H. Coupe frontale du museau de l’embryon de 19 jours présentant un bec-de-lièvre droit, qui est photographié sur la Planche 1, fig. C2. Coloration à l’hémalun éosine. Outre la fente du plancher nasal (F.N.g. : fosse nasale gauche; F.N.dr. : fosse nasale droite), on peut observer la déformation du squelette.